Sélectionner les savoirs pour enseigner. Un point de vue sociologique sur le travail des enseignants de L1
Mary David  1  
1 : Université de Nantes
Université de Nantes, Université de Nantes

Quels sont les savoirs qui sont enseignés aux étudiants de licence universitaire ? Comment sont-ils sélectionnés et mis en forme, et d'où proviennent-ils ? Cette question est épistémologique mais aussi très concrète : décider quels savoirs mettre dans son cours est un problème pratique pour les enseignants à l'université. Que faut-il enseigner ou pas ?

À partir d'une enquête sociologique dans une université pluridisciplinaire de l'ouest de la France, portant sur le niveau L1 et sur plusieurs disciplines, je vais mettre en évidence certains aspects de la préparation des cours par les enseignants universitaires. Je centrerai mon propos sur les physiciens.

Je montrerai que, si la question de la sélection des savoirs à enseigner est a priori très vaste et indéterminée, elle s'appuie en pratique sur l'existence de conventions d'enseignement qui règlent par avance une partie des problèmes. Des habitudes en partie locales et disciplinaires quant au choix des savoirs à enseigner facilitent le travail des enseignants et limitent les difficultés. Quand elles existent, les évaluations communes participent à l'élaboration de ces conventions, en déterminant par l'aval les savoirs qui doivent être enseignés et la forme qu'ils doivent prendre.

 Mais ces conventions laissent des marges de manœuvre aux enseignants et ne règlent pas toutes les difficultés. Des conflits existent qui traduisent les différences de points de vue des acteurs (dont les enseignants à sur ce qui mérite ou non d'être enseigné. Ces conflits donnent lieu à des négociations, dont l'issue n'est pas connue d'avance, et qui aboutissent à inclure ou exclure l'enseignement de certains savoirs, ou à retenir une modalité d'évaluation parmi d'autres, etc. Ces négociations sont en grande partie locales.


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